Depuis les années 1980, plusieurs
avancées conceptuelles en sciences sociales francophones ont permis de
mieux décrire les caractéristiques sociales, spatiales et temporelles de
la circulation des individus et des groupes sociaux. D’un point de vue
social, des recherches ont rattaché la circulation des individus à des
logiques familiales, à l’instar de la notion de système résidentiel
familial. D’un point de vue spatial, démographes et géographes ont
souligné à travers les notions d’«espace de vie », de «multilocalité» ou
d’«habiter polytopique», les limites d’une approche de la mobilité
spatiale définie par un lieu de résidence unique. Enfin, les approches
biographiques de la mobilité ont mis au jour, pour de nombreux
individus, des successions de périodes d’immobilités et de mobilités.
Les multiples approches de la circulation
montrent que «mobiles» et «immobiles» sont bien loin de constituer des
catégories cloisonnées. D’une part, des individus peuvent passer d’un
état à l’autre à différentes périodes de leur existence. D’autre part,
les immobiles prennent autant part à la circulation que les mobiles. La
circulation des uns serait alors un moyen d’assurer le maintien des
autres en un lieu et, réciproquement, un lieu d’ancrage solide
permettrait de pérenniser une pratique de circulation.
L’objectif de ces journées est de réunir
des chercheurs travaillant sur des terrains variés (au Nord comme au
Sud) et intéressés par les questions suivantes :
- A quel(s) groupe(s) sociaux (familiaux, communautaires, diasporiques, professionnels etc.) rattacher la circulation ?
- Comment «circulation» et «immobilité» se négocient, se partagent, s’organisent entre les membres d’un groupe ?
- Comment la circulation conditionne ou menace la cohésion des groupes ?
- Comment la circulation évolue-t-elle, plus globalement, en fonction des mutations économiques, sociales et politiques ?
Il s’agit de remettre à l’ordre du jour
ces questionnements déjà anciens afin d ’ouvrir des dialogues entre
disciplines, champs thématiques (migrations internationales, mobilités
résidentielles, mobilités professionnelles, sociologie et démographie de
la famille) et spécialistes de différentes régions du globe. L’étude
des «mobiles» est privilégiée dans la plupart des travaux. L’objectif de
ces journées consiste à mieux comprendre le(s) rôle(s) spécifique(s)
des «immobiles» afin de mieux interroger les rapports entre mobilité et
immobilité.